La lettre du directeur Yves Gagneux

Pourquoi une société d’amis de la Maison de Balzac ? Depuis plusieurs années, j’ai réfléchi au moyen de faire de ce musée une maison d’écrivain sans équivalent en France ni à l’étranger, qui porte un message de culture et de modernité (un mot inventé par Balzac) et soit entièrement tournée vers le futur. L’évolution que j’ai amorcée, et que je souhaite poursuivre avec votre aide, peut se résumer en trois axes.

               J’ai d’abord pris la décision de réduire la part faite au récit biographique, trop anecdotique et trop inscrit dans le passé, pour insister sur ce qui me paraît justifier aujourd’hui l’existence d’un musée consacré à l’écrivain : l’universalité de son œuvre

Yves Gagneux, directeur de la Maison de Balzac Copyright©Estelle de Talhouët

La Comédie humaine se présente en effet comme un classement des espèces sociales et en tire toutes les conséquences : elle donne ainsi la clef du fonctionnement de n’importe quelle société. Cette analyse, parce qu’elle porte sur l’homme, est d’hier comme de demain, de France comme de l’étranger. C’est la raison qui explique la proportion considérable de visiteurs étrangers au musée.

J’ai donc fait évoluer la présentation muséographique en réduisant la part des souvenirs personnels de l’écrivain et des évocations du XIXe siècle, pour proposer des clefs plus intemporelles afin d’inviter nos hôtes à entrer dans une œuvre qui ne relève pas seulement de la littérature mais permet d’aborder toutes les questions de société : la mode, l’amour, l’argent, la création artistique etc.

               Ce parti a des conséquences notables sur la politique d’acquisition du musée puisque  l’universalité de La Comédie humainese montre plus facilement avec des créations des dernières décennies qu’avec des reliques du XIXe siècle. J’ai donc développé un fonds XXème et XXIème siècles. Ce sont pour beaucoup les œuvres d’artistes qui se sont interrogés sur l’image de l’écrivain (Picasso, Enrico Baj, Olivier Blanckart…), se sont assimilés à un personnage (Louise Bourgeois), ont réagi à ses œuvres (Pierre Alechinsky) ou à sa pensée (Pol Bury), ou encore qui se sont complètement incorporés tant les romans que la vie de l’écrivain (Eduardo Arroyo). Ces œuvres sont donc directement liées à la pensée de Balzac. Depuis quelques années, j’insiste désormais auprès des artistes sur l’originalité de la réflexion menée par Balzac sur les moteurs de la création artistique. L’écrivain était en effet taraudé par la crainte de perdre l’inspiration et près d’un roman sur trois porte la marque de ces interrogations. Je voudrais aider les artistes à prendre en compte l’originalité de cette pensée pour susciter des créations neuves en tous points.

               Enfin, parce que Balzac est l’un des phares de la littérature française à l’étranger, je voudrais que le musée contribue à la promotion de la gastronomie, cet art de vivre qui convoque toutes les formes d’excellence (orfèvrerie, textile, arts du feu, cristallerie, cuisine, savoir-manger, vins, savoir-vivre, conversation…) pour parvenir à la quintessence de la convivialité, et qui représente des valeurs auxquelles je suis profondément attaché.

Balzac a apprécié et analysé la richesse de cette culture spécifiquement française, et beaucoup écrit sur la question. Son Traité des excitants modernesaborde le rôle des stimulants sur la création artistique et a servi de préface pour une nouvelle édition de la Physiologie du goûtde Brillat-Savarin ; il a imprimé L’art de donner à dîner, de découper les viandes, de servir les mets…,  un plagiat du Manuel de l’amphitryonde Grimod de la Reynière. Il a également fait paraître une « Nouvelle Théorie du déjeuner »; c’est lui qui propose le premier gourmand de la littérature du XIXe siècle avec le cousin Pons ; il a écrit des pages d’anthologie sur les repas dans L’Auberge rougeLa Peau de chagrinLes Petits Bourgeois… Il a été enfin le premier à pressentir l’importance sociale du repas. Un exemple bien connu : le premier geste de conquête  de Rastignac après avoir, du haut du cimetière du Père-Lachaise, défié Paris, consiste à aller dîner chez Mme de Nucingen.

               Pour parvenir à ces objectifs, j’ai initié en accord avec ma structure administrative un programme de travaux qui améliorera considérablement l’image du musée :

  • en 2017, ce sera la création d’un accueil avec café au fond du jardin, contre l’immeuble d’Auguste Perret, à l’occasion de la mise aux normes pour l’accès des personnes à mobilité réduite.
  • l’hiver de la même année, je prévois la réfection du jardin, ce qui permettra de planter 250m2de vignes : je souhaite en effet que la Maison de Balzac, implantée sur des coteaux calcaires ouverts sur le sud, produise un vin de qualité (ce serait le premier à Paris).
  • j’ai demandé à la suite de ces travaux, donc en 2018, la rénovation de la salle de lecture de la bibliothèque, afin d’exploiter pleinement le potentiel d’un lieu très agréable mais dont la décoration doit être entièrement repensée.

               Une société d’amis a vocation à accompagner ces projets, à participer à la rénovation du musée et à l’acquisition des œuvres, à contribuer à la diffusion d’une image renouvelée et plus juste d’un Balzac démiurge, ouvert sur le monde et sur les idées, tant vers les artistes afin de stimuler de nouvelles formes de création, que vers le public français ou étranger. Florence Soulié, son mari Bruno et Caroline d’Esneval ont bien voulu s’engager dans cette aventure : rejoignez-nous pour créer un musée neuf, tourné vers l’avenir.

Yves Gagneux

 

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